COSMOS Iconologie

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Jésus s'il te plaît

 

 

A Ravenne basilique, des élus sur les hauts murs processionnent, on les reconnaît à leurs longues robes candides, stolis amicti candidis. Les robes sont toutes pareilles et chacun est aboli dans l'état définitif monotone de l'éternité. Les regards des visiteurs suivent ces deux cohortes, comme on suivait à Babylone les guerriers répétés le long de l'immense escalier - là-haut était la salle où trône un monarque inaccessible muet éternisé dans l'ennui. Tous ces êtres blafards, victimes de l'étiquette, sérieux et solennels, ne savent même plus pour qui ils doivent se figer; c'est seulement à cause de l'état, depuis qu'ils sont passés saints. Ils ont jeté aux orties les gestes les émois les nourritures, aucun vent n'agite les flammes ni les robes. Leur habitat le ciel est à deux dimensions, par ablation du temps. La lumière blanche de la nef ne projette pas d'ombre sur le monde des mortels. Yahvé ni Mardouk pas même un soleil. Moïse dans le volcan de Sinaï ne pouvait pas regarder sa Face.

 

 

Le dieu qui s'incarna l'an zéro de notre ère eut l'imagination un peu courte à la Terre; il disait s'occuper des lys et des oiseaux (des champs) mais ne désira pas devenir passereau pour autant (ni fleur). Il laissa des illuminés dire que s'il avait fait la création c'était par excès de désir, comme les astres qui s'expansent irrésistiblement. Puis il abandonna chaque espèce à son sort : naître pareil, chasser, picorer, se dupliquer, mourir. Les meilleurs avaient don d'invention, ce n'était pas forcément une bonne affaire.

 

 

Jésus, fais-toi caillou jouis d'être feuille morte; craque ta bogue et tombe marron d'inde dans le square; oscille aiguillage halète locomotive. En cactus hérisse une bosse n'importe où le long de toi. Hisse-toi en anticlinal, pousse en cheveu en laine, jouis d'être branchie filtrant son air de l'eau, deviens chacun des milliards au lieu d'être Tout.  Jésus je vais te dire.

 

 

Les poumons, de même que la vie aérienne, ne furent inventés qu'après les branchies aquatiques. il y eut d'abord cent espèces de mollusques, qui surent le calcium dissous dans l'océan et s'en firent des coquilles, protection insigne. Menues oosphères ou escargots mahousses, une fois mort l'animal mou dedans, lentement descendirent. Leur nombre accumulé pendant des siècles tapissa les fonds marins d'une couche compacte. Un jour soulevée à leur insu cette épaisseur monta plissa  surgit hors des flots. L'Alpe était née, où l'on vit à l'air libre.

 

 

Bien plus tard dans l'eau allégée parurent les poissons. Ces êtres avaient opté pour la mobilité. Ils connurent l'oxygène dissous dans le liquide et mirent au point cet appareil mou replissé vibratile par qui le gaz de vie circula dans leur corps. Cet équilibre était parfait. Il perdura, il subsiste quand à l'ère suivante les grands vertébrés aériens s'en nourrissent. Et jetés sur le pont du bateau dans l'air qui surabonde, les poissons font d'horribles sauts d'agonie. Savantes interfaces d'échange respiratoire, branchies ou bronches, les êtres de l'air sont plus forts, telle est la loi.

 

 

 

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12/09/2017
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