Judith
Les peintres qui voulaient trouver dans la bible des sujets de tableaux bien saignants se ruèrent sur l'histoire de Judith. C'est un petit roman biblique qui est censé louer le dieu qui donne la force à une faible femme et n'a pas peur des grands moyens pour sauver son peuple en péril…
Généralement le contexte pseudo-historique n'intéressait pas, pourtant on aurait pu faire de beaux tableaux du type historique. Seul, on le verra, Lorenzo Lotto entoura l'héroïne d'un grand contexte nocturne.
De quoi s'agissait-il, pour les peintres ? D'une femme formellement définie comme très belle, jeune bien sûr, qui de sa propre main décapite un monsieur barbu qu'elle a commencé par saouler à mort.
Un tableau d'horreur le plus beau possible. Et c'est à une femme que revient la palme : Artemisia Gentileschi. Mais déjà l'ami de son père, Michelangelo Merisi dit le Caravage, qui peignit force décapitations, avait donné l'exemple.
Nabuchodonosor II a envoyé Holopherne châtier les peuples de l'ouest parce qu'ils ont refusé de le soutenir dans la guerre qu'il a menée contre le roi perse Arphaxad (cf. Judith I, 1). Après avoir pillé, tué et ravagé dans tout le Proche-Orient, Holopherne assiège Béthulie, une ville juive (probablement Massalah) qui barre un passage dans les montagnes de Judée. Comme l'eau vient à manquer, les habitants sont sur le point de se rendre, mais une jeune veuve, Judith, d'une extraordinaire beauté et d'une richesse considérable, prend la décision de sauver la ville. Avec sa servante et des cruches de vin elle pénètre dans le camp d'Holopherne ; ce dernier est tout de suite ensorcelé par la beauté et l'intelligence de cette femme ; il organise en son honneur un grand banquet à la fin duquel ses domestiques se retirent discrètement pour ne pas troubler la nuit d'amour qui, pensent-ils, attend leur maître. Mais elle continue à l'enivrer et, quand il est hors d'état de se défendre, elle le décapite avec l'aide de sa servante et revient à Béthulie avec la tête. Quand les soldats découvrent au matin leur chef assassiné, ils sont pris de panique : les uns s'enfuient et les juifs vainquent facilement ceux qui restent.
(Merci à l'auteur anonyme de Wikipedia)
Un morceau de Bible (Livre de Judith)
Quand il se fit tard, ses officiers se hâtèrent de partir. Bagoas ferma la tente de l'extérieur, après avoir éconduit d'auprès de son maître ceux qui s'y trouvaient encore. Ils allèrent se coucher, fatigués par l'excès de boisson,
et Judith fut laissée seule dans la tente avec Holopherne effondré sur son lit, noyé dans le vin.
Judith dit alors à sa servante de se tenir dehors, près de la chambre à coucher, et d'attendre sa sortie comme elle le faisait chaque jour. Elle avait d'ailleurs eu soin de dire qu'elle sortirait pour sa prière et avait parlé dans le même sens à Bagoas.
Tous s'en étaient allés de chez Holopherne et nul, petit ou grand, n'avait été laissé dans la chambre à coucher. Debout près du lit Judith dit en elle-même "Seigneur, Dieu de toute force, en cette heure, favorise l'oeuvre de mes mains pour l'exaltation de Jérusalem.
C'est maintenant le moment de ressaisir ton héritage et de réaliser mes plans pour écraser les ennemis levés contre nous."
Elle s'avança alors vers la traverse du lit proche de la tête d'Holopherne, en détacha son cimeterre,
puis s'approchant de la couche elle saisit la chevelure de l'homme et dit : "Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d'Israël !"
Par deux fois elle le frappa au cou, de toute sa force, et détacha sa tête.
Perpétration du meurtre
Caravage
Artemisia Gentileschi 1
Artemisia Gentileschi 2
Trophime Bigot 1640
______________
Après le meurtre
Andrea Mantegnea
Giovanni Baglione
caravagiste rival de Caravage
Le mort est réduit à deux guiboles, mais sa tête est effarée. Remarquer comme il est jeune et beau.
Lorenzo Lotto
A Bergamo, on peut admirer les extraordinaires "tarsie", mosaïques de bois. Celle-ci représente toute l'histoire de Judith, la tente où l'on voit Holopherne par les pieds, la tueuse et sa servante qui s'en vont nuitamment,- elle a encore le glaive à la main -, le camp d'Holopherne endormi (voyez le détail !), et à gauche le camp des Juifs.
Au siècle précédent
Botticelli
Découverte du corps d'Holopherne.
Le même Botticelli va s'amuser à peindre le joyeux retour des deux femmes.
A comparer avec cette fresque du Louvre. Tout est plein de la grâce immatérielle de Botticelli.
Michel-Ange
au plafond de la Chapelle Sixtine .Merveilleuses postures.
Orazio Gentileschi
père d'Artemisia. 1608 Oslo
Ce retour des deux complices a été aussi inspirant que l'horrible et sanguinolent meurtre lui-même !
Judith triomphante
Statue de Donatello
La tête qu'il a donnée à Holopherne est digne de celle de Jean-Baptiste.
Giorgione
Cette jambe sortant de la jupe est devenue une iconographie de la puissance ou de la Victoire.
Valentin de Boulogne, 1628
Gros plan typique d'un caravagiste. L'essentiel seul est indiqué : le décolleté pudique mais évocateur, le glaive vertical qui pèse sur la tête, et de doigt levé qui signifie : je dois cette victoire à la force du Tout-Puissant.
La palme revient au flamboyant
Alessandro Allori
La splendeur de l'habit semble indiquer, comme chez Zurbaràn, la sainteté. Le pur visage et la beauté de la servante évacuent toute prétention à l'horreur.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 24 autres membres