Ignorance
Je ne sais rien du plus proche avenir
De l'espace ou du temps qui m'est compté
Du devenir de mes infirmités
Du jour où la mort viendra me saisir
Je fais travailler mon souffle et mes jambes
Le lis des romans, découvre Bergson
Mais quand midi sonne point de madison
Et le feu sacré de moins en moins flambe
Je vais égrenant mes décasyllabes
Je rêve d'avoir un petit jardin
Je souhaite d'avoir encore un matin
Que ma longue vie ait droit à du rabe
Je ne saurai pas où poster la lettre
Dans quel océan larguer ma bouteille
Quand il ne faudra plus que je m'éveille
Ni dans quel cercueil je devrai me mettre
Ne pouvant marcher j'ouvre ma fenêtre
Sur le jour froid sur les camions lointains
Refusant d'aller tiédir dans un bain
Un fauteuil m'invite et je l'envoie paître
La vitre suffit à la plante grasse
Se contentant d'un jour triste et crasseux
Emmitouflé jusqu'au cou jusqu'aux yeux
Je voudrais pourtant me voir dans la glace
Admirer ces yeux qui ont tant séduit
Ces yeux que l'amour fait briller encore
Souriant soudain quand la rue s'honore
s'éclaire lorsque passe un tout-petit
Ne t'endors pas tends l'oreille tends l'âme
Il n'est pas temps de coucher sous la lame
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