COSMOS Iconologie

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Jéôme du Caravage

 

 

 

 

 

4_Jerome_Borghese1606.jpg
 

Plus vieux que vieux, ridé profond, presque aveugle, à demi nu Jérôme tend un bras décharné vers son encrier, loin sur la table. Auprès de l’encrier, un crâne sec, près de tomber en cendres, regarde sa tête encore vivante chancelante.

Le monde est réduit à une table, Saint Jérôme pourrait échanger son tibia contre un des quatre pieds de bois.

Et le Livre sacré, tenu ouvert d’une main à même son genou, le livre qu’il scrute depuis quarante ans, et la plume pour reprendre l’encre et reprendre la tâche, le commentaire, sur le gros cahier sa fatalité.

 

Caravage à trente ans, vigoureux et fécond, a peint et mis devant lui l’immense, l’ineffaçable effigie d’un vieillard qui va crever à la tâche. Tel est son vœu à lui, sa poussée héroïque. Il aime ce vieux homme comme son futur.

 

Peu  après, il fait face à sa nouvelle toile de grand format, où gît saint Jean-Baptiste décapité devant le mur d’une prison qui barre tout avenir. Il a la même barbiche, le même âge que lui l’assassin, qui ne cesse de fuir, à travers l’Italie et  les îles, l’épée qui doit le décapiter. 

Le sang du juvénile prophète coule de sa carotide béante dans le ruisseau, "son sang sur la poussière écrivait mon devoir", et du dernier filet rouge le peintre ourle sa signature : Fra Michelangelo.

 

Cette image parut si belle que le Grand Maître Wignacourt  reçut Michel l’ange de Caravaggio dans l’Ordre de Malte.

 

Il n'avait même pas perçu que l’officier qui d’un doigt pointé vers le bas ordonne au bourreau le coup de grâce était son propre portrait en pied.

 

 

 

4 - Caravaggio_Décollation fragment (sans doute après restauration).jpg

 

 

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03/02/2017
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